RHAPSODY OF FIRE - The Frozen Tears Of Angels

Ces dernières années ont été très négativement mouvementées pour Rhapsody ("Of Fire", je ne m'y habituerai jamais). Après avoir dû changer de nom pour une sombre histoire de droit, alors que celui-ci était utilisé sans problème par le groupe depuis 11 ans, Joey DeMaio leur retire son soutien et celui de Magic Circle Music laissant les Italiens sans label. Mais il en faut plus pour abattre une formation de heavy orchestrale devenue aussi culte! Nuclear Blast a donc sauté sur l'occasion d'ajouter un mythe à son catalogue. Les références du label étant ce qu'elles sont, j'ai senti qu'avec ce genre d'encadrement le son allait se durcir.

Ce n'est pas la traditionnelle intro tout en chœurs qui pourra confirmer cette pensée, même si on sent un retrait inhabituel de l'orchestration comparé aux voix. Christopher Lee répond à nouveau présent pour la narration (pour l'anecdote il est également la voix du message des exemplaires promotionnels), mais n'interviendra pas davantage cette fois-ci. "Sea Of Fate", en revanche, est dans l'esprit nucléaire avec une rythmique rapide, moins contrastée que de coutume, et des claviers couvrant beaucoup moins la guitare que par le passé! Fabio n'a rien perdu de son chant fluide et équilibré, ni Luca de son doigté reconnaissable entre mille. La différence avec Triumph or Agony est assez flagrante, le groupe veut revenir au bon vieux heavy mélodique de ses débuts, Legendary Tales et Dawn of Victory en tête, comme le prouve également "Crystal Moonlight"! "Reign Of Terror", annoncé par des mantras, accentue encore le côté plus direct et brut constaté plus tôt, avec un Fabio presque violent. "Danza Di Fuoco", introduite par Christopher et une guitare acoustique, sonne médiévale et nous invite à une danse dans la salle de réception du château, le tout chanté dans la langue natale de Fabio. "Raging Starfire" remet un coup de boost et ressort un break propre au combo, mais juste le temps de lancer le titre. Ensuite c'est speed métal jusqu'au bout! On en oublie pas l'aspect épique avec un refrain héroïque et un solo fantastique de Luca et Alex, duo de maitres. "Lost In Cold Dreams" est la ballade officielle de l'album, sublime et apaisante comme toujours, il n'y a pas de miracle. Agressive sur son entrée, "On The Way To Ainor" se calme et laisse ainsi croire à une ballade pendant 1'30, mais il n'en est rien. Ce morceau participe à la fois à l'homogénéité de l'album qui reste très heavy dans son ensemble et à la diversité du ressenti, selon l'ambiance dégagée. La rythmique entrecoupée est très énergisante et rappelle que Rhapsody sait toujours composer des structures complexes.
"The Frozen Tears Of Angels" propose une longue mise en condition et prépare à un titre mi-tempo presque hard rock, aux arrangements simples qui permettent d'accrocher le titre immédiatement, en partie chanté en Italien également. Dans d'autres formations, des compos de plus de 10min pourrait être indigeste, mais Rhapsody possède le secret pour les rendre captivant: variations, chapitrage, et le talent de chaque musiciens.
On regrettera encore une fois que la basse soit aussi peu audible sur la totalité du disque...

Les fans des débuts attendaient ça avec impatience, Rhapsody a enfin su faire l'amalgame d'une belle orchestration classique et de abrasion des guitares électriques, pour un résultat attendu depuis la déception Power Of The Dragonflame, qui dévoila un son surenchéri et sans vie. Le retour de nos Italiens préférés se fait donc en fanfare grâce à un album fantastique, sans fioritures, mais toujours dans l'esprit chevaleresque du combo. Merci pour cette lueur d'espoir!