SILENT FALL - Otherwise

      SILENT FALL, voici un nouveau venu dans le paysage du métal hexagonal. En tout cas, c’est ce que tout à chacun serait à même de se dire en voyant ce nom. Mais le lecteur averti et attentif aux titres des morceaux et au line-up de ce groupe aura sans doute reconnu des transfuges de ce qui était il y a encore quelques années WINTERLAND. Le groupe, après sa démo The Snow Begins to Fall a mué et, après de nombreux changements de line-up, de nombreux fests (le NWFest, le Jump’In RaismesFest IV ou le RaismesFest 2008) et quelques compos disséminées ça et là sur le web est devenu SILENT FALL.


      Quid de cet album, donc ? A première vue donc, 3 titres sont issus de l’EP, et 2 titres étaient connus depuis un moment («World of Secrets » et « Play With Fire ») pour ceux qui suivaient l’actualité du groupe ou les avait vus en concert. On pourrait donc se vêtir du costume du râleur et dire : « Ah bah facile, la moitié de l’album est déjà connue, ça sent la redite à plein nez ! » sauf que… sauf que non.

      La chronique de cet album est assez simple et sera divisée en 2 catégories : l’analyse des « anciens » morceaux et celle des « nouveaux ». Pourquoi ces guillemets ? Parce qu’une seule écoute, même distraite, vous fera vous rendre compte de l’évidence : les morceaux ont été retravaillés et restent, pour ma part, les meilleurs de l’album. « Kill for Life » est la première à figurer sur l’album. Les riffs sont plus tranchants (le son des guitares est en réel progrès) et, avis aux détracteurs, le chant d’Adrien s’est perfectionné et diversifié. Il est par ailleurs doublé par Olivier Caron (de WILDPATH, un autre espoir du heavy français) en chant black sur le refrain, qui prend une toute autre dimension. Les fans de la première heure, comme moi, pourront être décontenancés, mais je ne saurais leur conseiller de (re) jeter une écoute sur la version de l’EP pour se rendre compte du chemin parcouru. Ah oui, le solo envoie du bois, aussi. Une très bonne version « 2.0 » !

      En ce qui concerne « Forever and Ever », la transposition est un peu plus fidèle à l’originale, (un pont a été ajouté) si l’on omet ce changement de qualité de son et ces sonorités électro.

      Enfin, il y a « I Wish » (dommage qu’ils n’aient pas gardé « Memory »…) qui elle aussi passe en version 2.0 avec notamment un gros cri black en guise d’intro. Dépaysant. Le morceau en lui-même est quasi le même que sur l’EP, hormis qu’il a été réenregistré, meilleur son, sonorités électro, tout ça. (Comment ça, je me répète ?) Ah si, les chœurs sont encore plus présents et de bien meilleure facture que sur l’EP. C’est sûr que les chants féminins, ça apporte de la fraicheur et de la diversité à l’ensemble…

      Les deux autres morceaux « connus » ne figurant pas sur l’EP, je les traiterai avec les autres « nouveautés », même s’ils sont également différents des premières versions diffusées. « Play With Fire » se démarque par une fin… déroutante où se mêlent chant, cris black et… sirènes de guerre. Surprenant, mais on finit par s’y faire, même si la première écoute ne laisse pas la meilleure impression. On se console en se disant que le morceau est speed comme au temps de l’EP. Les fans apprécieront. Quant à « World of Secrets », un autre morceau rapide et enjoué, on notera la présence de Stéfan Forté d’ADAGIO au solo et des chœurs grandiloquents en guise de final.

      En ce qui concerne les « vrais » nouveaux morceaux, ils ne dépareillent pas avec la nouvelle direction prise par le groupe. Oh, pas de virage à 180°, mais une inclinaison paisible vers des contrées un peu plus extrêmes (qu’on avait pu pressentir lors des prestations live du groupe alors qu’il portait encore son ancien nom), notamment sur la version bonus de « Who is the Fool ? » (toujours avec Olivier au chant black) mais aussi des contrées plus électroniques. L’EP était déjà très orienté claviers, mais des claviers très « heavy finlandais » pour ceux qui se souviennent. L’orientation actuelle penche plus vers des sons électro parfois déroutants, mais aussi plus matures. On pense à « Haunted Sights ». Les compos restent heavy, (« Tears of Fate » et sa double pédale d’entrée de jeu) mais peut-être un peu moins speed qu’aux débuts, un peu plus progressives, dansantes… (toujours « Haunted Sights » et son rythme sur le refrain)

      Nouvel ajout, qui dit album plus « complet », dit ballades. Honnêtement, elles ne me manquaient pas, mais elles étaient un passage obligé. Nous avons d’abord « One Cold Winter Night » qui me fait penser à une valse et qui contient un solo de guitare flamenco (un peu surmixé, ce solo d’ailleurs, ça surprend…). Originale et pas déplaisante. Ensuite, il y a « This Could Have Been » avec en guest Marjolaine de… eh oui, WILDPATH à nouveau. A noter qu’elle fait des chœurs sur d’autres morceaux de l’album aussi. Un duo fort sympathique en guise de pause dans cet album résolument heavy et speed. (Tiens, si je vous dis qu’Adrien, avant Winterland, a officié comme chanteur dans un groupe français qui n’en était qu’à ses débuts… eh oui… )

      L’album est aussi plus complet en cela qu’il comporte aussi des passages épiques, comme « On the Top of the World »., plus longue (pas loin de 8 minutes), à l’intro/outro très « fantasy » et au passage au chant black, ainsi que le début de « Heroes ». « Now it’s time to change the world ! » entonne Adrien au début de ce morceau très joyeux… Encore un peu et on enfourcherait son fier destrier pour aller tabasser du vilain et sauver la planète à l’écoute de cette intro !


      Les chœurs sont un gros point fort de cet album. Ils sont quasi partout. La batterie aussi, on a droit à des passages très rapides. Et finalement, là où SILENT FALL réussit son pari, c’est que l’amalgame entre anciens et nouveaux morceaux se fait dans la douceur et qu’on a là un album homogène et efficace. Les erreurs de l’EP sont corrigées en grande partie (notamment ce souci d’accent sur le chant anglais sur lequel Adrien a fortement progressé) et les influences sont digérées.

      Ce qui pourra rebuter l’auditeur, c’est ce côté un peu trop « keyboard-oriented » et ce chant qui dénote toujours. On aime ou on n’aime pas. Histoire de goûts mais aussi d’ouverture d’esprit : le heavy speed, ce n’est pas QUE du braillard qui détruit les tympans en chantant super aigu tout le temps. (Même si j’aime ça.) Je ne saurais que conseiller plusieurs écoutes pour vraiment apprécier le tout et passer au-delà d’un premier aspect qui pourrait paraitre linéaire. Il n’en est rien, mais ça, vous le savez désormais, vous qui avez lu cette chronique.

      Le label chypriote Pitch Black Records, lui, ne s’y est pas trompé en signant nos petits Frenchies qui, forts d’une telle carte de visite, vont pouvoir évoluer vers d’autres sommets. Un très bon premier album, varié, frais, et soigné. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil sur la pochette (ça change des clichés du genre) et sur le livret qui font de cet « Otherwise » un bel objet. On n’a plus qu’à souhaiter à SILENT FALL une suite de carrière dans la même veine et un second album qui saura confirmer tout le bien qu’on pense d’eux !