SHINING - IV - The Eerie Cold

SHINING a toujours été un groupe spécial, rien que de part son leader, Nicklas Kvarforth. Adepte de la scarification et prônant le suicide, cet homme est aussi un grand génie musical. Il forma SHINING très tôt dans sa vie et cela fut partie quasiment intégrale. Sa musique, c'est lui. C'est sombre, malsain, avec une touche d'humour noir, terriblement prise de tripes, etc. Les deux premiers albums, se plongeant dans une optique plutôt black metal 'dépressif', sont assez différent des suivants. A partir du troisième album, SHINING se découvre un côté groovy, empruntant des influences de styles moins extrêmes, comme dans le jazz, rock, groove, et d'autres. Ici, on fait face à un beau tournant. SHINING sort cet album en plein hiver 2005 et c'est très bien choisi.

Avec cet album, on rentre directement dans le vif du sujet. La première musique commence par une musique calme, dans une forme de jazz/rock progressif mais terriblement noire. Un magnifique solo s'ensuit, et peu après la fin, SHINING arrive. Ses riffs black metal laissent sous entendre un gros blast typique, mais non. C'est du mid tempo qui arrive, et le temps que l'ambiance se traîne, Kvarforth arrive et incise clairement tout avec sa voix qui part dans tous les sens. On pourrait plus ou moins comparer un peu la palette de voix avec Attila Csihar. Ça crie, ça crie et chante en même temps, mais beaucoup plus torturé dans la manière d'être crié. Ensuite, les compositions sont vraiment riches en influences. "Demodets Arkitektur" avec son break ambiant et puis le final terrible avec un Hellhammer absolument reconnaissable qui s'emballe, ou encore le passage quasiment psychédélique de "Någonting Är Jävligt Fel". Puis, vient un morceau clé, auquel on adhère ou pas, il s'agit du titre éponyme de l'album "The Eerie Cold". Ici, aucune saturation de guitares, aucun cris. Une basse, une batterie, quelques guitares acoustiques, et le tout mélangé dans un jazz über dark, progressif, minimaliste, répétitif (la seule 'variation' sera un sample de voix assez dépressif dans le genre). Une ambiance glaciale, un côté catchy malgré tout, bref, envoûtant (et cette basse de timbré!). Et la reprise finale avec le dernier morceau se fait sans problèmes, l'album coule magnifiquement bien.

SHINING signe ici un album qui, comme l'avait annoncé le précédant, part dans tous les sens tout en gardant un côté unique, une aura typique en définitive. C'est simplement un pavé dans le monde du black metal varié et sombre que nous avons ici. Bon nombre de fans ont crié à l'hérésie depuis l'absence de côté black metal puriste, mais c'est sans penser à l'ouverture de styles que nous offre nos compères suédois. Sans parler de la production parfaite, je peux conclure : Un album excellent, sombre, malsain, mais terrible.