ENOCHIAN THEORY - Evolution: Creato Ex Nihilo

      Parfois, nous autres chroniqueurs recevons une flopée de CD promos à chroniquer. Dans le lot, beaucoup de choses à jeter, euh pardon: à redistribuer. Mais quelque fois, une perle rare, un véritable petit bijou se démarque de ce lot de banalités. Un groupe original, à la personnalité extrêmement marquée et vraiment unique, dont les influences sont si difficilement perceptibles qu'elles ne sont pas facilement retrouvables. Evolution: Creato Ex Nihilo, dernier opus des britanniques d'Enochian Theory, est un de ceux-là. Le terme "alternatif" n'a jamais été aussi bien adapté qu'en cette occasion, et le fan de rock atmosphérique et décalé que je suis est ému d'avoir la chance de chroniquer cette pépite.


      La plus proche comparaison à cet univers est celui d'Opeth, le chant clair de Ben Harris-Hayes est aussi précis et fluide que celui de Mikael. Mais nous sommes loin d'un ersatz des fabuleux suédois. Je pourrais citer Deftones pour la lourdeur de certains riffs ("Apathia"), ainsi que Tool pour l'ambiguïté de certaines structures rythmiques, et encore une fois pour cet atmosphère très personnel et envoûtant. Parvenir à une telle cohérence malgré un métissage aussi divers relève du génie. Cet album est magique d'une note à l'autre, aucun remplissage ou faux pas dans la démarche. Mais tout nous ramène à un univers bien particulier, en énochien (ou langage des anges), retranscrit dans une trame atmosphérique extrêmement riche. C'est un peu comme si on vous conduisait à travers les ruelles d'une ville les yeux bandés: le chemin est bien défini mais vous ne savez où vous allez qu'une fois arrivé à destination. Les surprises ne manquent pas sur ce disque, tellement qu'il me serait difficile de toutes les décrire fidèlement (et il faut garder la surprise). Je m'arrêterai à "After The Movement", titre instrumental classique fantasmagorique, qui semble décalé comparé au reste à première vue, mais qui en fait s'intègre à la perfection à l'ensemble.


      Je souhaite sincèrement que ce groupe rencontre la reconnaissance qu'il mérite, au moins celle que peuvent atteindre des formations comme Katatonia, Tiamat ou Paradise Lost dans le domaine du métal atmosphérique. Ils apportent même quelque chose de plus que ces groupes qui hantent le haut des affiches dark, un rêve à la fois sombre et apaisant, plein d'éléments inconnus et intrigants. J'ai vraiment hâte d'entendre la suite.