BOYS FIRST TIME

Boys First Time s'inscrit dans la lignée de ces groupes de métal moderne (dit post-hardcore) qui cherchent à apporter un souffle nouveau à une scène qui tourne en rond. A l'instar de Hectic Patterns ou d'Iwrestledabearonce, leurs morceaux sont remplis de plans totalement barés qui semblent déstructurés, mais qui sont en fait incroyablement précis. Entre grindcore, death technique et hardcore progressif (si ça existe), il est difficile de poser des limites aux pistes de ce premier véritable album du groupe (après un split et deux EP) tant chaque instrument part dans tous les sens tout en restant cohérent avec les autres. Les plans mélodiques sont très rares (mais présents, comme ce pont magnifique sur "Ecstatic on the Brink") et la brutalité est de mise, en particulier dans les hurlements rageurs d'Olivier, résolument hardcore de son côté.
Comme souvent dans cet exercice, le niveau technique des musiciens est incroyablement élevé. Je cite pour exemple Olivia Scemama à la basse, plutôt connue de la scène métal française pour sa participation dans Garwall, Aborted ou Balrog, ou encore Gilles Delecroix à la batterie, également réputé pour son travail avec Scarve, Aborted et Gronibard. L'atmosphère provoque un ressenti carrément malsain, pas dans le sens pesant comme pour le black métal, mais plutôt torturé. Les changements de plan et les breaks sont tellement nombreux que les 26 minutes de ce disque ne permettent à aucun moment de s'habituer à un quelconque rythme ou se raccrocher à une mélodie particulière!

Trop long pour certain, pas assez pour d'autre (il est vrai que les albums de moins d'une demi-heure ne sont pas légion, mais comme le démontra Slayer avec Reign in Blood, c'est parfois nécessaire pour être vraiment percutant et efficace), la musique débridée de Boys First Time est tout de même réservée à une élite particulière de gens friands de bordel barbare savamment organisé, mais de bordel quand même. Ne soyons pas mesquin ou hypocrite: dans leur style, même si on adhère pas, Boys First Time assure monstrueusement, c'est un fait.