DEVIN TOWNSEND PROJECT - Ki

Devin Townsend est fou! Fou et génial! Je sais ce n'est pas très
constructif comme remarque mais ça a le mérite de poser les bases de ce
qui vous attend en écoutant un de ses innombrables projets. Car Devin
Townsend est aussi infatigable. A peine a-t-il mit un terme à
l'aventure Strapping Young Lad après leur dernière offrande The New Black qu'il repart sur les routes de son incroyable inventivité.
L'un de ces nombreux projets qui nous intéresse aujourd'hui est donc le dernier en date, baptisé simplement Devin Townsend Project
(pourquoi s'embarrasser d'un nom compliqué). Pour celui-ci, il s'est à
nouveau entouré de musiciens de session qui l'accompagneront sur les
quatre albums prévus sous ce nom. Le premier en date, Ki,
montre un aspect très calme de notre Canadien déluré. Principalement
atmosphérique comme le fond beaucoup les groupes de rock progressif
anglais par exemple, on n'entend que de façon reculée le rugissement
des guitares. Tout est joué en douceur, même si quelques échappées nous
remontre parfois le visage plus populaire du Devin qu'on a connu sur
son précédent opus solo Ziltoid The Omniscient,
bien plus proche de Strapping. Des guitares toujours, mais jouées de
façon ambiante. Des voix gutturales aussi, mais poussées de la même
façon, sans violence. On peut dire que sur plus d'une heure de musique,
nous avons un excellent compromis entre un métal à la fois énervé mais
posé et une trame atmosphérique planante superbement soutenue par la
palette vocale très étendue de cet extraterrestre de Devin. Pour
exemple, le titre très Elvis Presley "Trainfire", le penchant aquatique
de "Coast", ou encore le titre éponyme "Ki" absolument trippant avec un
final indescriptible 100% Devin. Là dessus, le disque se termine comme
il a commencé, avec deux morceaux aussi reposant que profond pour
terminer la courbe oscillante que forme ce concentré de bonheur.
Il semblerait qu'il soit destiné à ne jamais nous décevoir le
Canadien, quelque soit le degré d'étrangeté du projet qu'il entreprend.
C'est en entendant d'abord le dernier album de Strapping, puis ce bijou
qu'on se rend compte que son groupe principal a mit un terme à son
histoire au meilleur moment. Quitter la scène sur une heure de gloire
pour mieux réapparaitre sous son propre nom, voilà le vrai talent d'un
artiste comme Devin Townsend.