ZERO ILLUSIONS - Oblivion

      Zero Illusions, ce n'est pas l'impression que j'ai eu lorsque j'ai écouté ce troisième disque des suédois pour la première fois. Formé à Gothenburg en 2004, le groupe a eu le temps de sortir un EP en 2007 très justement appelé Prologue to Eternity avant d'entrer dans le vif du sujet avec leur premier album Enter Eternity l'année suivante. Il faudra attendre encore 2 ans avant que qu'ils ne rentrent à nouveau en studio pour enregistrer ce dernier opus, sous la houlette du célèbre Andy LaRocque.


      Grâce à ce grand monsieur du métal, nous avons droit à un son nickel, qui sert à merveille le jeu de notre quatuor de hardos survitaminés. En matière de heavy métal, le fait d'être suédois les fait partir avec un avantage certain, un héritage issu de la culture scandinave duquel ont bénéficié Yngwie Malmsteen, Hammerfall (qu'on retrouve beaucoup dans "Carpe Diem") ou Europe pour citer les plus connus. Et c'est amusant, car on peut dire que Zero Illusions reprend un peu de tout ça en y ajoutant une pointe de thrash dans les riffs! Andy LaRocque aux manettes, ça donne aussi un son de basse très perceptible et bien rebondissant (le morceau "Who You Are" en exemple flagrant), ainsi qu'un son à la fois gras et moderne, tout en lourdeur.

      Le style du groupe n'y est pas non plus pour rien, tout ayant été écrit sur des tonalités très graves. Et ça gambade, la grosse caisse résonne à répétition, comme une charge de cavalerie à l'image de "Rise to the Challenge" ou du refrain classique mais dévastateur de "Follow the Sign". D'ailleurs, le dernier titre "Enemy Within" est une véritable locomotive en terme de speed et ponctue le disque en force. Pour le côté progressif, on peut aussi noter de nombreuses variations de rythme sans dévier du tempo, c'est sur cette base qu'évoluent "Honesty" ou "Oblivion" entre autres. Quant au chant, il est bien évidemment maitrisé et tranchant comme on l'aime, très old school, à l'image de Mats Levén. Un voix qu'on pourrait penser peu adapté à l'exercice mais qui en fait colle parfaitement à l'ensemble!

      Pour les compos, les mélodies utilisées ne sont pas les plus originales, mais la recherche de la mélodie efficace couplée avec cette tendance au contrepied dans le rythme font de leur métal progressif une musique vraiment très accrocheuse, qui ne perd pas l'auditeur dans des plans trop compliqués ou un étalage de technique inutile. Ici, la balance est parfaitement dosé, avec un léger avantage pour le coté heavy. Sans oublier l'inévitable ballade ("Call of Duty" qui sonne très Royal Hunt par ses chœurs) qui prouve que nous sommes bien en face d'un combo heavy!


      Espérons qu'un groupe de cette trempe ne devra pas attendre un quatrième album pour enfin se faire connaitre à la hauteur de leur mérite! Il ne feront pas parti des pionniers qui inventent un nouveau genre, car pour ça il faudrait qu'ils piochent un peu moins dans le passé, mais en tout cas ils nous feront passer un putain de bon moment heavy d'une façon que peu de groupes actuels sont capables de faire. La nouveauté c'est bien, mais il ne faut pas oublier les fondamentaux, Zero Illusions navigue donc astucieusement entre les deux.