BATTLELORE - ...Where The Shadows Lie

      J'ai entendu parlé de Battlelore pour la première fois dans un magazine dont je tairai le nom pour ne pas les discréditer. En effet, ceux-ci faisaient référence à Rhapsody pour comparer la musique des finlandais, et chacun sait aujourd'hui que ces deux groupes n'ont vraiment rien en commun musicalement... Mais en ce début de XXIème siècle, le heavy métal symphonique vient tout juste de prendre une tournure épique, et dés qu'il s'agissait de s'inspirer des œuvres de Tolkien pour forger un univers musical fantastique, peu de groupes internationalement connus pouvaient être cités. Le fabuleux Dawn Of Victory exposa les célèbres italiens à la face du monde et il n'en fallait pas plus pour s'en servir comme référence de base à tout groupe de ce genre, de près ou de loin.


      Car oui, effectivement, l'heroic fantasy de Lord of the Rings est la principale inspiration des textes (il suffit de regarder la tracklist pour le constater) et de la musique de ce groupe atypique qui a choisi une voie un peu plus extrême que celle de ses compatriotes, plus portée sur le speed métal. Lorgnant avantageusement vers le dark métal en utilisant le binôme souvent gagnant voix masculine/ voix féminine, ils y ajoutent des éléments symphoniques indispensables à cet univers fantastique peuplé d'elfes, de Trolls et de nains. D'ailleurs, chaque personnage, pardon... musicien du sextet se retrouve grimé en une figure emblématique de cette mythologie particulière, qui fait depuis des années la joie des amateurs de Role Playing Games.

      Mais ce qui fait la personnalité marquée de Battlelore ne réside pas que dans ces éléments. Dés ce premier album (après deux démos: Warrior's Tale en 1999 et Dark Fantasy l'année suivante, sur lesquels les deux demoiselles présentes ne faisaient que de la figuration au départ), ils se démarquent par une atmosphère bien plus sombre et une rythmique plus lourde que ce qu'on peut entendre à ce moment-là chez leurs confrères. La dualité entre les deux chants se creuse d'autant plus que Kaisa ne part pas dans des envolées lyriques propres à Wishmaster (Nightwish), Decipher (After Forever) ou Musique (Theatre Of Tragedy), la concurrence de l'époque. De plus, les vocalises de Patrik son alter-ego mâle sont très guerriers et se mettent en marge des vocaux extrêmes (souvent death ou black) qui accompagnent souvent ces autres formations.

      En revanche, même si le style dans l'ensemble ne peut s'assimiler à aucun autre groupe du paysage métal contemporain, on sent une certaine monotonie en parcourant cet album du premier au dernier titre. Les riffs sont souvent identiques et joués sur la même gamme, et la rythmique est souvent construite sur une succession de plans quaternaires séparés par une descente de toms classique, modèle sur lequel se calent les morceaux suivants. Hormis "Shadowgate", titre atmosphérique autour d'une ligne de claviers en boucle, et la ballade acoustique "The Green Maid", tout est finalement assez convenu une fois la surprise de la découverte passée.


      Mais cet album, ce groupe de caractère, sont une alternative intéressante à cette scène de métal à chanteuse qui commence à prendre de l'importance, notamment dans leur propre contrée grâce à la bande à Tuomas et Tarja. Pour un coup d'essai sur un label aussi influent et gage de qualité chez les métalleux, c'est une belle réussite!