MANIGANCE - Récidive

      Dire que cet album était attendu relèverait de l’euphémisme. En effet, plus de 4 ans après L’Ombre et la Lumière, c’est avec un line-up (légèrement) modifié (arrivée de Jean Lahargue aux claviers) que MANIGANCE, fleuron du heavy « à la française » (= chanté en Français), sort son nouvel album. 4 ans, c’est long, très long et la concurrence hexagonale a largement eu le temps de s’installer dans le cœur des metalleux tricolores (et japonais, là où le groupe a sa plus grande fanbase… nul n’est prophète en son pays…) à grands renforts de productions efficaces. L’heure était donc venue de remettre les pendules à l’heure, mais le groupe palois s’est-il montré fin horloger ?

      Dès l’opener « Larme de l’Univers », le constat est clair et sans appel : MANIGANCE n’est pas là pour faire de la figuration. Un son de guitares plus agressif (qui rappelle FRETERNIA), une voix qui semble plus poussée, un solo rapide et un refrain qui reste en tête. Ils sont de retour et ça fait bigrement plaisir. Loin de ne proposer que des morceaux hyper rapides, le groupe joue une fois de plus la carte de la polyvalence avec quelques morceaux plus calmes, dont la ballade« Sans Détour » et la présence inhabituelle de chant féminin aux chœurs qui, après une mauvaise impression à la première écoute, s’avère être une bien jolie manière de terminer l’album.

      Le groupe se paie (une nouvelle fois j’ai envie de dire) le luxe de sortir de son chapeau des morceaux dont les refrains resteront dans les têtes et égosilleront les voix lors des futures prestations live du groupe. A citer notamment : « Dernier Allié » aux claviers omniprésents, « Mercenaire » ou encore « Délivrance ». Mais LA pièce maitresse de l’album est pour moi « Récidiviste » : refrain catchy, rythme très rapide et influences néoclassiques. Ces influences pourraient laisser fantasmer sur ce que pourrait donner le groupe s’il se laissait plus souvent aller sur ce genre de pentes vertigineuses, comme sur « Vertiges », l’instrumentale de l’album… Mais MANIGANCE est resté égal à lui-même sur cet album, et finalement, c’est ce qu’on attendait du groupe. Presque n’importe lequel des morceaux ici présents auraient pu figurer sur l’une des sorties précédentes même si dans son ensemble, Récidive est plus agressif que L’Ombre et la Lumière. La voix de Didier Delsaux est égale à elle-même, le thème de la guerre est à nouveau très présent et les autres musiciens ne sont pas en reste en ce qui concerne la qualité des soli et la puissance de la section rythmique. « Déserteur » en est le parfait exemple avec son gros passage solo de guitare – énorme break de batterie à grosse dose de double-pédale. Les grincheux pinailleront une fois de plus sur la difficulté de passer outre le chant en Français et sur le côté parfois kitsch des paroles. Oui, ça non plus ça n’a pas changé. Mais après ? C’est ce qui fait la force et l’identité du groupe. De plus, si les natifs s’occupaient tellement de la signification des paroles dans le métal, alors MANOWAR jouerait dans des foires. Un mal typiquement français dont ne pâtissent pas des groupes tels MÄGO DE OZ ou encore RAMMSTEIN (J’ai cherché un groupe de métal chantant en Tibétain, mais vous ne m’en voudrez pas…)…

      En résumé et comme dernier hommage à Récidive, ce disque s’avère être une des premières excellentes surprises de 2011, et ce jusqu’à l’ultime seconde. En ce qui me concerne, ce n’est pas le fait d’avoir les mp3 promo qui m’empêchera d’aller acheter le disque dès que je le pourrai. Intégrité.