TIMES OF GRACE - The Hymn Of A Broken Man

      Chroniquer un premier album n'est pas toujours facile. Le chroniqueur, qui reste un humain avant tout, a tendance à se poser des questions. Est-ce que je ne risque pas de détruire une carrière à peine commencée ? Dois-je encenser ce groupe dès son premier essai ? Est-ce que je veux du vin blanc ou rosé avec mon poisson ? Très vite, le chroniqueur se rend compte qu'il a dans ses mains l'album de Times of grace et, se rappelant des rapides recherches qu'il a faites sur le net, se dit que toutes ces questions ne servent qu'à lui faire perdre du temps.
Car, Times of grace est, certes, un nouveau groupe, mais il est loin d'être composé d'inconnus. Coupables de ce qui est considéré comme l'un des meilleurs albums de métalcore de tous les temps (c'est-à-dire depuis 10 ans), Adam Dutkiewicz et Jesse Leach sont, en effet, des zicos ou ex-zicos de Killswitch Engage. Le pedigree des bonhommes parlent pour eux et l'on s'attend à une nouvelle fournée de métalcore génial pour certains, immonde pour d'autres.
C'était sans compter sans le background de The hymn of a broken man. Ecrit principalement par Adam Dutkiewicz sur son lit d'hôpital suite à une lourde intervention chirurgicale du dos, The hymn of a broken man est une véritable thérapie pour le musicien, voire même ce qui le maintient en vie. Vous l'avez compris, le "broken man", c'est lui. Jesse Leach, de son côté, est alors en dépression, vivant des moments personnels très difficiles. Sa thérapie à lui, c'est d'écrire les paroles de l'album. C'est la joie, quoi !
Musicalement, cela se ressent. Les deux hommes ne savent pas où ils vont dans la vie. Dans leur musique, c'est pareil. Et pourtant, certainement grâce à une maturité acquise au long des années, tout se tient. Killswitch Engage est présent au travers de l'agressivité de certains titres et les mélodies de passages plus clairs. Pourtant, une nouvelle entité fait son apparition dans le monde des gaillards : l'émotion. Cet album est clairement un médicament de l'âme pour les deux hommes dont les sentiments de haine vis-à-vis de cette vie de merde se mêlent à une volonté de poursuivre la route pour découvrir les quelques beautés que notre monde recèle. Cela se traduit par des breaks constants, des growls mixés à du chant clair, des riffs venus de nul part tantôt rapides, tantôt lents, toujours mélancoliques. Les paroles sont brutales, mais incarnées. Bref, l'ensemble transpire l'honnêteté de deux paumés qui se raccrochent à ce qu'ils savent faire de mieux : de la musique.