SHAMAN - Origins

      En trois albums, Shaman est parvenu à sortir trois disques complètement différents. Ritual ne s'éloignait que très peu des anciens Angra, alors que Reason prenait un chemin presque opposé avec son heavy métal épuré. Immortal de son côté tentait de maintenir le navire à flot après le départ de trois de ses membres d'équipage, et faisait office de synthèse entre les deux premiers. Mais Thiago Bianchi n'avait pas la carrure d'un André Matos, en tout cas lorsqu'il est arrivé aux côtés de Ricardo.


      Car aujourd'hui, c'est un Thiago métamorphosé qui se présente devant nous! Dés "Lethal Awakening", on se retrouve projetés 17 ans en arrière, à la sorti de Angels Cry, à l'époque où le speed métal symphonique vivait ses plus belles heures. Le chant est enfin maitrisé à la perfection, et que dire de la musique: le duo de guitaristes enfonce les frères Mariutti (en tout cas dans ce style), et le jeu de Ricardo est fluide et tribal comme jamais. Cependant, le spectre d'André n'est pas loin dans les lignes de chant, surtout en ce qui concerne les notes les plus aiguës. Mais musicalement, le groupe a su enfin affirmer son identité tout en gardant un fond eighties puisé à la belle époque.

      "Inferno Veil" prouve que les deux ex-Angra déserteurs n'étaient vraiment pas indispensables à l'évolution du groupe. Je dirais même que l'écrasante personnalité d'André les empêchaient de trouver leur véritable voie, tant celui-ci façonnait des bordures à celle-ci. Après avoir expérimenté la nouvelle équipe tant bien que mal sur Immortal, il a enfin put retourner à la source de ses désirs (un titre d'album bien trouvé) et permettre aux autres musiciens de s'exprimer, et ça s'entend!

      Ainsi, on assiste enfin au retour des sonorités roots à l'image de "Ego" ou "Finally Home", avec ses instruments traditionnels sud-américains comme la flûte de pan, et à un jeu plus orienté groove que vitesse. Pourtant, le speed est bien à l'honneur sur cet album (bien plus que sur les trois précédents) et les moments ralentis n'interviennent que pour souligner l'aspect folklorique de la musique. Ceux-ci sont souvent présentés en pistes indépendantes ("Origins", "Ego Pt.1") mais aussi en interlude. N'en oublions pas les inévitables ballades, ainsi "Rising Up To Life" rappelle fortement "Carolina IV" en plus entrainant, et "S.S.D" ponctue comme il se doit l'album en douceur.


      C'est une pure réussite et un album vraiment excellent que nous livre enfin Shaman, bien au dessus de tout ce qu'à proposé le groupe depuis sa création. Car avouons-le, Ritual était sympathique mais se rapprochait trop de la "formation originelle", et Reason avait fait l'erreur de prendre un contre-pied trop important pour que le fans puissent suivre. Quant à Immortal, il posait les bonnes bases mais manquait de cohésion et de finition. Origins peut se vanter de jouer dans la même cour qu'Aqua, dernier-né des progistes internationaux. Est-ce dû au fait que les deux formations aient à présent un batteur en commun?