PILORI - Trip à Bière

Une première démo pour un groupe, c'est un peu comme le premier bébé dans un couple : les concepteurs voient toujours dans le fruit de leurs entrailles se refléter une certaine perfection ou tout au moins une fierté. C'est donc toujours le torse bombé et la tête haute que les parents présentent le nouveau venu. Confortés par l'objectivité et l'impartialité toute relative de leurs proches, ils vivent ces compliments aveugles comme autant de confirmations de leur réussite. Pourtant, à chaque fois, il y a toujours un oncle, un peu bourru et souvent bourré, pour s'exclamer, en se penchant sur le landau : "'Tain, mais il est moche, ce gamin !", brisant ainsi le rêve de parents qui esquissent un sourire forcé.

Dans le cas qui nous intéresse, à savoir la première démo de PILORI "Trip à Bière", je serais tenté d'endosser le rôle du tonton... Mais que les "parents" se rassurent, je ne le ferai qu'à moitié. Car, voilà, à la première écoute, les dix minutes du CD ont un peu de mal à passer : le chant français m'horripile, le mix est approximatif, le tout parait longuet. Bon, en chroniqueur consciencieux que je suis, je me penche une deuxième fois sur le landau (en l'occurrence ma platine CD).
Là, un certain miracle se produit : le chant, bien que français, se fond plutôt bien dans l'ensemble, le mix est, en fait, "roots" au possible, le tout me fait finalement marrer. Ainsi, comme le tonton quand il dessaoule et se rend compte qu'il a un nouveau membre de sa famille devant lui, je me mets à apprécier le côté sans prétention de "Trip à Bière" et, surtout, je replace le CD dans son contexte. Finalement, cette démo est avant tout une carte de visite pour décrocher des concerts, c'est tout. Et que dit cette carte : PILORI est un groupe thrash-fun sans prétentions qui ne demande qu'à gagner de l'expérience en jouant chez vous et en buvant des bières. Dans cette optique-là, la démo remplit plutôt bien son rôle.

Si l'on peut tout de même donner un conseil à PILORI, ce serait de continuer à s'aguerrir avant de tenter l'aventure d'un enregistrement plus poussé et de faire attention de ne pas trop user le concept rigolard en restant cantonné à un seul thème (même TANKARD apporte quelques variations à son style de prédilection). Quant à moi, j'ai décidé de ne plus rester sur ma première impression et, pour le prochain bébé tout fripé que je verrai, j'imaginerai qu'on ne peut qu'évoluer en bien.