ATHORN - Phobia

      Amateurs de métal, c’est le moment pour vous de jeter un œil attentif sur cette chronique. Nous voici ici en présence d’un nouveau groupe issu de l’underground allemand. Loin de proposer un énième album de heavy/power, ATHORN se démarque et dépasse les frontières d’un style qu’on annonce pourtant souvent comme gangréné par trop d’auto-plagiats et de productions faciles.

      Déjà, oubliez les structures préétablies, les soli de claviers, le chant haut perché, les intros épiques ou que sais-je. Pensez plutôt au thrash et à ses rythmiques tranchantes, au death pour son côté sombre et parfois malsain et au heavy pour la mélodie. (« After The End » est épique au possible, et le tout sans claviers, comme quoi…) Chaque morceau est différent, surprenant ainsi l’auditeur à chaque fois. Le groupe s’amuse en effet à détruire les barrières pour mieux vous tenir à sa botte et pour mieux vous plonger dans son propre univers, un peu à la manière d’un PERZONAL WAR, en plus sombre et violent.
      Et l’univers d’ATHORN, c’est celui de la peur, sous-jacente, de celle qu’on ressent un soir dans la campagne profonde et alors que le vent souffle… un certain malaise alors que nous ne sommes que face à nous-mêmes… Voilà ce que ce « Phobia » arrive à faire naitre en nous, et ce dès l’opener « Angel of the Fall ». Rien qu’à l’écoute de ce titre, on sait que ce disque ne nous laissera pas indemnes. Surtout que le groupe enfonce le clou avec « Emperor of Ruins », pour moi       Le meilleur titre de l’album, avec un chant des plus efficaces…

Le chanteur, justement, Carsten Frank, mène le groupe d’une voix de maitre, l’une des meilleures du circuit, assurément. Il n’y a qu’à écouter « The Ferryman » pour s’en persuader, deuxième meilleur titre de l’album, grosse tuerie heavy speed. Pensez à Matt Barlow (ICED EARTH) avec un registre plus étendu toutefois, même si parfois on se demande s’il n’essaie pas tout bonnement de l’imiter, comme sur le titre « Humanize the Demon», où je suis allé jusqu’à me demander s’il n’était pas guest. Après quelques recherches, il s’avèrerait que non. Je remercie par ailleurs le groupe d’avoir fourni sur leur site le livret complet de l’album, ce qui m’a permis de voir que le batteur et le guitariste sont chanteurs secondaires, je suppose donc que c’est à eux qu’on doit les cris death dont l’album est bien fourni. Encore un peu et j’allais écrire des âneries…

      Le groupe ne se démarque pas de ce qui doit sans doute être un concept-album avec le « Phobia – Prologue » ou le titre « Schizophrenia ». Le tout reste en effet très sombre, très malsain, les rythmiques se font tantôt rapides, tantôt pesantes, les passages calmes succèdent à la violence totale, et ce chant, qui surplombe l’ensemble, tout en nuances, tout en puissance est une vraie réussite. Cerise sur le gâteau, les musiciens ont eux-mêmes mixé, produit… l’album en studio, le tout pour un son massif !

      Vous l’aurez compris, nous tenons avec ce « Phobia » l’une des révélations de cette année 2010. Il était d’ailleurs temps que je rende ma chronique, la note augmentant à chaque écoute, j’aurais fini par ne plus savoir quoi mettre. Si vos nerfs sont bien accrochés, ouvrez votre esprit et laissez libre cours à vos peurs…