THE GATHERING - How To Measure a Planet?

S'il ne devait rester qu'un seul album sur toute l'impressionnante discographie de The Gathering,
ce serait incontestablement celui-ci. Déjà pour sa durée inhabituelle:
14 titres de plus de 6 minutes majoritairement, étendus sur plus d'une
heure et quarante minutes de musique, et pas n'importe laquelle! Une
musique mélangeant des styles aussi variés qu'imprévisibles chez les
Bataves. Les deux précédents opus, même s'ils avaient déjà adouci les
bords abruptes de leur dark atmosphérique, restaient résolument métal.
Cette fois il s'agit plus de rock atmosphérique, voire même de trip hop
ou d'ambiant sur certains titres, que de métal. Un double-album plus
que complet, reflétant avec précision et fidélité la quasi intégralité
de l'univers complexe des frères Rutten.
De la pop planante sur "Frail", "Rescue Me" ou "Travel", du rock
électrique sur "Liberty Bell" ou "Great Ocean Road", de l'électro
ambiant avec "The Big Sleep" et "Marooned", et le premier disque se
termine en apothéose avec un rock efficace et progressif à la fois
énervé et doux dans un seul morceau: "Travel". Comment ça il reste
encore un deuxième disque aussi merveilleux que le premier? Encore plus
fabuleux même, écrit comme un concept spatio-temporel lancé comme une
fusée par la longue intro "Ghost Ride", et poursuivi par "Illuminating"
chargée d'émotions mélancoliques avec des paroles pourtant optimistes.
"Locked Away" dans la même lignée entre la tristesse et l'espoir, puis
"Probably Built" bouscule les choses et devient agressif avant le
colossal final d'une demi-heure qui donne son nom à l'album. Plus porté
sur des sons électroniques et des guitares très british, c'est une
véritable bande originale de film que nous écoutons là, point final
magistral à 103 minutes de bonheur sombre et éthéré.
The Gathering
maintient son statut de pilier fondateur de la fameuse scène du métal
atmosphérique à chanteuse, même s'il a décidé d'explorer des contrées
moins brutales que celles du métal. C'est tout à leur honneur de
vouloir expérimenter à l'heure où la commercialisation de ce genre est
bien plus prisée, avec des chanteuses aguichantes accompagnées par des
mélodies basiques et easylistening. Chapeau très bas Mademoiselle et
Messieurs!