IN LEGEND - Ballads'N'Bullets

      Certains musiciens aiment revenir à la matière première de la musique, comme au commencement du genre. A l'époque des grands compositeurs, dont l'Allemagne n'est pas avare avec ses représentants dont le plus connu est certainement Ludwig van Beethoven. Pas de guitare électrique au XVIIIème siècle, l'instrument de prédilection était le piano.

      In Legend est un projet qui mûri dans le cerveau de Bastian depuis une dizaine d'année, avant qu'ils ne aprviennent à trouver des compagnons de jeu qui partage sa vision: un groupe de rock/métal où la ligne mélodique principale traditionnellement jouée à la guitare serait reprise uniquement au piano. Apocalyptica avait eu une approche similaire avec son métal au violoncelle bien sûr, et de nombreux artistes s'évertuent encore à composer comme le faisaient les grands maîtres d'autrefois, mais la structure telle quelle n'avait pas encore été testée. Batteur à la base, il a eu l'occasion de réfléchir à son concept en tapant la rythmique pour quelques groupes importants, comme Narakam et surtout Van Canto.


      Et le fait est que le rendu est vraiment surprenant, dans le meilleur sens du terme! L'intro de "Heaven Inside" ne surprend pas immédiatement dans la mesure où les intros acoustiques sont maintenant légion dans le métal, mais c'est autre chose lorsqu'on se rend compte qu'il va s'agir de la mélodie principale tout le long de l'album. La batterie de son côté est vraiment death, avec ses accélérations brèves et sa double grosse caisse, et le chant va aussi dans une direction extrême par son timbre abrupte et agressif. Les passages plus calmes rappellent la voix d'Edu Falaschi (Angra). Ce premier titre sonne un peu comme si Dark Tranquillity avait oublié de brancher ses guitares, ce qui est plutôt un beau compliment. "Pandemonium" descend un peu dans les graves, mais les mélodies restent très optimistes, et malgré la structure même du morceau l'ensemble est tout de même très proche de la pop sans être insipide. D'ailleurs, le compositeurs principal et tête pensante qu'est Bastian qualifiera lui-même sa musique de "Tori Amos sous acide", il est donc conscient de la route qu'il a emprunté.

      Les titres de ce disques parviennent à être très différents entre eux, par des mélodies très diversifiées et des variations régulières. "Elekbö" par exemple commence très rentre-dedans pour un refrain plus posé. Evidemment, on ne passe pas à côté de quelques ballades avec "At Her Side" et le final "Universe", ou d'un titre instrumental entièrement joué au piano avec "Yue", passages inévitables dans cet exercice. "Soul Apart" fait intervenir de l'électro en fond sonore alors que "Stardust" fait intervenir Inga Scharf (chanteuse de Van Canto) le temps d'un duo finalement assez dispensable. Le style dans l'ensemble reste très progressif, aspect renforcé par le jeu habile de Dennis, ce qui plaira autant aux amateurs de prog que de rock mélodique des seventies.


      Mélange aussi détonnant que réussi pour ce premier essai, on ne s'ennuie pas une seconde (excepté pour le duo avec Inga qui aurait mérité de chanter sur une composition plus inspirée) et l'absence de guitare de gêne nullement l'écoute. Le fait que le chant ne soit pas mièvre et la batterie sans relief aide beaucoup à garder l'attention de l'auditeur, même celui qui recherche en général plus de "négativité" dans le métal. A présent le plus dur reste à faire pour In Legend: écrire un second album aussi percutant et original que celui-ci, et ça ne va pas être chose facile!