BATTLELORE - Doombound

      Selon moi, Battlelore est comme un grand cru, il se bonifie au fil du temps. Ainsi, chaque album fut jusqu'à présent encore meilleur que le précédent, de leur première réalisation ...Where The Shadows Lie à la dernière: The Last Alliance, l'apogée de leur carrière... Jusqu'à maintenant! Il est alors juste d'attendre avec impatience le suivant sur la liste, en se disant que si la tendance se confirme, ce sera une vraie bombe!

      Cette année, les finnois sont à quelques mois de fêter les 10 ans de ce premier opus, et ont préparé un packaging spécial pour cet événement: un DVD bonus contenant l'intégralité des clips du groupe, ainsi que deux lives capturés lors de la tournée européenne 2008/2009, et quelques vidéos backstage datant de la même période. Un cadeau appréciable pour le fan que je suis!


      Mais n'oublions pas l'essentiel: l'album. Et sur ce point, la surprise intervient dés les premières notes de "Bloodstained". Comment parviennent-ils à composer des entrées en matière toujours différentes à la précédente? Tantôt puissante, tantôt aérienne, tantôt guerrière avec ses percussions comme sur The Last Alliance, cette fois c'est sur un tempo lent aux plans variés que démarre le disque. Ce premier titre ne démarre jamais vraiment, ce qui donne le beau rôle à "Iron of Death". Sa construction rappelle fortement leurs voisins de Dimmu Borgir version moderne, plus particulièrement "Gateways", avec son rythme rapide et ses claviers épiques. "Bow and Helm" fait intervenir la narration avant d'accélérer le tempo sur un hurlement primaire, comme avant une bataille! D'ailleurs, ce titre est un véritable hymne, direct et expéditif (le plus court de l'album), qui remet un coup de fouet avant un morceau plus axé sur les orchestrations: "Enchanted". Un peu mainstream, ce titre s'écoute facilement (trop diront les puristes) tant la mélodie et le chant de Kaisa semblent familiers. "Kärmessurma" rappellera "Third Immortal" du précédent opus, en plus lourd, alors que "Olden Gods" prend le contrepied de partir en double pédale puis de repasser sur un tempo plus habituel pour le groupe, le riff du refrain faisant lui hommage aux mélodies du regretté Windir. "Fate Of the Betrayed" reste dans les sentiers parcourus régulièrement par les finnois, addition de cordes en plus, pour faire contraste avec "Men As Wolves" qui durcit le son avec un riff bien gras. Le morceau "Last Of The Lords" est dans sa continuité directe par sa mélodie très proche tout en modifiant la rythmique. Le refrain plus grave apporte aussi une note dramatique moins appuyée dans le précédent titre.

      On arrive alors sur la pièce maitresse qui donne son nom à l'album, et dés l'instant où le titre commence, on comprend que c'est un morceau très travaillé sur son atmosphère. Un tempo très pesant sur un riff lancinant donne le ton, et il sera sombre! Légères accélérations à coup de grosse caisse sur le refrain sans faire partir le morceau, jusqu'à un pont instrumental digne d'une BO de film dont vous imaginez bien l'univers. Interlude acoustique à la 5ème minute, marche militaire sur caisse claire et la voix de Kaisa très douce dans le style trip hop islandais, et le violon nous accompagnera jusqu'à la reprise des guitares électriques pour un final ralentit mélancolique. Pour terminer de nous surprendre, une petite outro est prévue, toujours dans une ambiance ombragée et guerrière (c'est le maitre-mot de leur style) légèrement influencée par l'ère Edo. Tout ceci nous fait glisser doucement vers la chute du rideau sur un album qui nous aura accroché jusqu'à la dernière seconde.


      L'aspect agressif de l'ensemble est assez relatif dans la mesure où le combo a encore développé son aspect orchestral sur son dernier rejeton, et s'aligne avec les grosses productions du moment comme les albums d'Epica ou Nightwish. Ce qui les différencient principalement de ses autres formations orchestrales, c'est bien évidemment le chant guttural pour commencer, bien plus présent chez Battlelore qu'ailleurs, mais également l'ambiance vraiment fantastique et sombre de leurs arrangements. C'est comme un pont reliant le heavy métal et le death métal sur lequel se seraient rencontrés elfes et trolls en marche vers une bataille pour la Terre du Milieu.


      Un album massif, très percutant, aux allures de pagan métal sur fond de heavy bien senti. Battlelore Suit un peut la trajectoire d'Amon Amarth, dans le sens où ils réutilisent la recette qui faisait leur originalité au moment de leur apparition en l'améliorant d'année en année, en y ajoutant ci et là des éléments nouveaux pour ne pas lasser l'auditeur. L'inconvénient est que si vous n'aimiez déjà pas le groupe avec The Last Alliance, vous n'apprécierez pas davantage maintenant vu que ce dernier opus lui ressemble finalement beaucoup dans l'ensemble.