THERION - Sitra Ahra

      Beaucoup de chemin parcouru par Therion depuis sa création en 1987 par Christofer Johnsson. Évoluer d'un trio de death métal à un groupe orchestral de cette façon est très étonnant, et les multiples changements de line up (dont notre tête pensante est le seul rescapé depuis l'origine) y sont certainement pour quelque chose. Christofer a une idée très précise de ce que doit être son groupe à une période donnée, et c'est toujours sur ce principe qu'il s'est séparé de la quasi totalité de l'équipe qui avait enregistré l'excellent triptyque Lemuria/Sirius B/Gothic Kabbalah. Reste parmi les survivants Thomas Vikström (ex-Candlemass, Stormwind), qui avait remplacé Mats Léven pendant la tournée "Live Gothic", Snowy Show (également intégré comme bassiste dans Dimmu Borgir sur Abrahadabra) et Lori Lewis. Les voix ne changent donc pas.


      Mais la musique, de son côté, a bien changé! Où est donc passée cette formidable inspiration qui filtrait des deux précédents (et magnifiques) opus? Ce qui ressort de l'écoute intégrale de cette album, c'est une sensation de répétition, de simplicité trop évidente, de manque d'originalité, tant d'adjectifs qui n'auraient jamais put convenir à Therion dans le passé! De toute évidence, Christofer a souhaité simplifier la structure de ses morceaux, et gardant une base classique couplet-refrain bouclée, mais là c'est un peu trop. On reconnait la pâte Therion, mais comme si elle avait été mal préparée, avec des ingrédients mal dosés et pleine de grumeaux... Je pourrais reprendre titre par titre ce disque, mais ce serait assez vain tant chaque morceau se suit et se répète, malgré les gros efforts fais par le trio de chanteurs, toujours aussi brillant et éclectique. Tous leurs moyens ne sont pas suffisants pour enjoliver des compositions fades et ennuyeuses, en tout cas comparés à celles qui faisaient la gloire des Suédois. Quelques petits détails parviennent parfois à sortir certains titres du lot, je pense à "Unguentum Sabbati" sur lequel Snowy est magistral, "Hellequin" et son refrain en canon efficace, ou "Din" qui accélère un peu le rythme (pas trop tôt, on s'endormait!). Par contre, oubliez vite "Kali Yoga III" qui est à l'opposé des volumes I et II en terme d'intérêt!


      En fait, ce disque est la transition idéale entre la période death du combo et sa période symphonique, comme un brouillon de ce qu'allait devenir cette entité. Le problème est que cette transition s'est déjà faite il y a 14 ans avec le succès de Theli... Peut-être que Christofer ne fait que reculer (très loin) pour mieux sauter, mais si c'est le cas j'espère qu'il a bien préparé son saut car sinon la réception sera douloureuse! Remarquez, si c'est la première fois que vous écoutez Therion, Sitra Ahra fera un amuse-gueule sympathique.